- by Jérémy Felkowski
- 5 août 2025
- Cuisines
Poulet basquaise, l’équilibre du feu et du soleil
Plat du sud par excellence, le poulet basquaise marque bien souvent le retour des beaux jours. A la fois traditionnel et familial, sa confection demande tout de même un peu de maîtrise et le respect d’étapes indispensables.
Le poulet basquaise est une danse entre le feu et la douceur, entre la vivacité du piment et la rondeur du légume. Il porte en lui les couleurs du Sud-Ouest, les parfums d’huile d’olive, de poivrons confits et de vin blanc sec. C’est un plat d’équilibre : trop d’acidité, et il perd sa chaleur ; trop de douceur, et il s’éteint. Sa réussite repose sur la maîtrise des saveurs , ce dialogue délicat entre la force et la mesure.
Étape 1 La base aromatique, les fondations du goût.
On commence par hacher l’oignon et l’ail, puis on coupe les tomates en morceaux et les poivrons en longues lanières colorées , rouges, verts, jaunes, selon le marché. Ce sont ces légumes, généreux et solaires, qui forment le cœur de la “piperade”, cette sauce emblématique du Pays basque. Leur fraîcheur et leur maturité détermineront l’équilibre du plat.
Étape 2 La cocotte du Sud.
Dans une cocotte, on chauffe quatre cuillerées d’huile d’olive. Les oignons, l’ail et les poivrons y prennent place, et en quelques minutes la cuisine se remplit de leur parfum sucré. On laisse cuire cinq minutes, le temps que les légumes s’attendrissent, que les oignons deviennent transparents, presque confits. Cette première étape est capitale : c’est ici que se joue la douceur, celle qui viendra tempérer l’acidité du vin et de la tomate.
Étape 3 La tomate, touche de vivacité.
On ajoute alors les morceaux de tomate, on sale, on poivre, on couvre. Vingt minutes de mijotage à feu doux : la pulpe se défait, l’eau s’évapore, la sauce devient onctueuse, riche, d’un rouge profond. Si l’acidité domine, on rectifie avec une pointe de sucre ou une noix de beurre , geste ancien qui rend la sauce ronde, enveloppante. Le poulet basquaise doit frapper sans piquer.
Étape 4 Le poulet, la chair du plat.
Dans une sauteuse, on fait dorer les morceaux de poulet , cuisses, hauts de cuisse, ailes , dans un filet d’huile d’olive. Le feu doit être vif pour saisir la peau, lui donner cette couleur dorée, presque noisette. Le sel et le poivre font ressortir les sucs, qui viendront nourrir la sauce.
Étape 5 L’union finale.
On verse le poulet dans la cocotte avec les légumes. On ajoute le bouquet garni, un verre de vin blanc sec, puis on couvre. Trente-cinq minutes de cuisson lente suffisent à unir les saveurs : la viande devient tendre, la sauce brillante, le vin s’efface derrière la tomate et le poivron.
À la fin, le plat doit chanter l’équilibre : une acidité légère, domptée par la douceur des légumes ; une sauce lisse, presque veloutée ; un poulet juteux, imprégné de soleil. Le poulet basquaise n’est pas une simple recette, c’est un apprentissage du juste milieu. Trop de vin, trop de feu, et tout s’enflamme. Pas assez, et la magie s’éteint. Entre les deux, il y a l’harmonie d’un terroir et la vérité d’une cuisine qui goûte la vie, l’huile d’olive et le temps.