- by Jérémy Felkowski
- 3 juillet 2025
- Cuisines
Les gnocchis maison, la tendresse sous les doigts
Plat familial et délice des enfants, le fameux gnocchi est souvent acheté dans le commerce… alors que sa conception n’est pas si compliquée. Mieux, avec un peu de pratique, elle peut même devenir une activité ludique à faire en famille.
Il y a dans la confection des gnocchis quelque chose d’enfantin et de patient, une douceur qu’on redécouvre loin des sachets sous vide. On croit la recette complexe, presque intimidante, mais il n’en est rien : elle ne réclame ni tour de main d’expert ni robot sophistiqué, seulement du temps, de la farine, et la chaleur d’une cuisine vivante.
Étape 1 La pomme de terre, cœur du moelleux.
On choisit des pommes de terre farineuses, à chair tendre. Elles cuisent doucement, vingt-cinq à trente minutes, dans une eau salée frémissante. Quand la lame du couteau s’enfonce sans résistance, on les égoutte, on les pèle encore tièdes, et on les écrase en purée. Le secret est là : obtenir une texture fine, sans grumeaux. On laisse ensuite refroidir, car la chaleur rendrait la pâte collante.
Étape 2 La pâte, entre air et farine.
Sur un plan de travail fariné, on forme un puits de purée. Au centre, on glisse un jaune d’œuf, un peu de sel, de poivre, une pincée de muscade. On ajoute la farine, petit à petit, en travaillant du bout des doigts. C’est une pâte qu’il faut sentir : elle doit être souple, non collante, encore légèrement tiède. Quand elle se rassemble en une boule lisse, le plus difficile est déjà derrière soi.
Étape 3 Le façonnage, geste ancestral.
On prélève une portion de pâte, qu’on roule doucement en un long boudin. On le coupe en tronçons réguliers de deux centimètres, puis on les transforme en petites boules. Vient le geste délicat : poser chaque boule sur le dos d’une fourchette, exercer une légère pression du pouce. Ce sillon, signature du gnocchi, retiendra la sauce. Le toucher est tendre, précis, presque méditatif.
Étape 4 La cuisson, moment suspendu.
Les gnocchis attendent sur un torchon fariné, puis plongent dans une grande marmite d’eau bouillante salée. Ils tombent au fond, puis, deux minutes plus tard, remontent à la surface comme des bulles de bonheur : c’est le signe qu’ils sont cuits. On les égoutte doucement, puis on les fait sauter dans un peu de beurre noisette jusqu’à ce qu’ils soient dorés, à la fois fondants et croustillants.
Étape 5 Les variantes, terrain de jeu du cuisinier.
La recette traditionnelle est une base, une promesse ouverte. On peut y mêler des épinards pour la couleur et la fraîcheur, un peu de courge pour la douceur, du pecorino pour la force, quelques éclats de lard croustillant pour la gourmandise. Chaque région, chaque maison a sa version, son accent.
Faire des gnocchis, c’est renouer avec la simplicité. C’est comprendre que la tendresse d’un plat ne vient pas du supermarché mais des mains qui le façonnent. Et que, dans cette douceur roulée sous la paume, se cache tout le charme de la vraie cuisine italienne : humble, sensuelle, infiniment humaine.