- by Jérémy Felkowski
- 2 octobre 2025
- Portraits
Alexandre Marchon, l'instinct végétal d'un autodidacte
Chef atypique dans son approche comme dans sa vision des choses, Alexandre Marchon explore son métier comme on le ferait avec la carte d’un pays à découvrir. Autodidacte et fier de l’être, il rebat les cartes de la cuisine en laissant une place de choix au végétal.
Il y a des parcours qui s’écrivent en marge des chemins balisés. Celui d’Alexandre Marchon, jeune chef étoilé, appartient à cette catégorie rare où la ténacité et la passion tracent leur propre voie. « Mon parcours est vraiment atypique. Je suis passé de chef à domicile à chef de cuisine sans passer par les étapes de commis, d’apprenti, de chef de partie… Je me suis formé auprès de mes clients, j’ai acheté des livres de cuisine et j’ai appris la technique tout seul pendant sept ans », raconte-t-il en interview. Un parcours, en somme, fait d’expérimentation, de recherche, de prises de risques également.
Une rencontre décisive et le grand saut
Au départ, ses dîners étaient sporadiques, « faméliques » dit-il, mais portés par une détermination sans faille. La passion avait précédé l’étape du démarrage. Et de fil en aiguille, les convives se sont multipliés, jusqu’à cette rencontre décisive : un restaurateur qui lui confie l’ouverture de son établissement. Les trois années suivantes ne furent pas simples — fermetures, incertitudes, pandémie — mais Marchon n’a jamais lâché. L’étoile, au bout du chemin, a consacré un parcours construit à force de volonté et d’obstination.
Le plaisir comme boussole
Dans sa cuisine, une valeur domine toutes les autres : le plaisir. « En tant que chef, je considère que la cuisine c’est l’art de créer une expérience agréable pour les clients, de leur faire plaisir à travers les assiettes et le service. » Pour lui, la gastronomie ne saurait se résumer à une démonstration technique : elle doit émouvoir, surprendre, laisser une empreinte sensible. Cette exigence, il la transmet à ses équipes, convaincu que sans plaisir partagé, la qualité en pâtit et l’expérience s’éteint.
L’héritage végétal d’Alain Passard
L’autre fil rouge de sa cuisine, c’est le végétal. Un héritage assumé, nourri par une rencontre déterminante avec Alain Passard. « Il m’a énormément inspiré et m’a beaucoup appris sans le savoir. Il connaissait ma passion pour la cuisine et m’a proposé de faire partie du club Arpège. J’y suis allé une quarantaine de fois, m’imprégnant de son style de cuisine sans jamais le copier. Mon amour pour les légumes découle en grande partie de son influence. » De cette proximité est née une sensibilité singulière : mettre le légume au centre de l’assiette, non comme garniture mais comme protagoniste. Chez Alexandre Marchon, les végétaux deviennent matières premières de création, terrains d’émotions et de découvertes.
Un chef tourné vers l’avenir
Autodidacte, passionné, résilient, Alexandre Marchon incarne une nouvelle génération de chefs qui placent l’humain, la nature et l’émotion au cœur de leur démarche. À l’heure où la cuisine se réinvente, il rappelle que la créativité naît aussi de l’écoute de la terre, du respect des produits et de la générosité envers ceux qui viennent à table.